Libération ukrainiens-1

 

La FSU Allier fait partie des structures syndicales qui furent à l’initiative, en 2014, d’une campagne syndicaliste et internationaliste pour la libération du militant anarchiste, écologiste et syndicaliste ukrainien de Crimée Alexandre Koltchenko. Très vite il fut pour nous évident que cette campagne démocratique devait être élargie à son co-accusé Oleg Sentsov, cinéaste ukrainien connu. Le troisième co-accusé, Guenadi Afanassiev, enseignant, fut libéré, en mauvaise santé, quelques mois après avoir en plein « procès » exposé publiquement quelles tortures il avait subies pour charger les deux autres, qui furent, pour « terrorisme », condamnés à 10 ans (Koltchenko) et 20 ans (Sentsov) de « camp à régime sévère » dans ce qui fut un procès de Moscou des années trente avec cette différence que les condamnés ont défié le pouvoir avec courage et fierté.

La mobilisation des milieux du cinéma et la longue grève de la faim d’Oleg Sentsov l’an dernier ont fait de lui un fort symbole du combat pour les droits démocratiques en Russie, en plus de ce qu’il était déjà : un symbole national et démocratique ukrainien. C’est pendant cette grève de la faim que, suite à une discussion avec le député de l’Allier J.P. Dufrègne à l’occasion de l’hommage annuel à Pierre Brizon, celui qui avait voté contre les crédits de guerre en 1916, celui-ci a pris position pour la libération de Sentsov et Koltchenko entrainant son groupe parlementaire.

Oleg Sentsov, Alexandre Koltchenko, étaient en fait des otages, mais, grâce à la solidarité internationale et à leur propre combat, ils étaient devenus des otages encombrants. On l’a vu clairement ces derniers jours, où Poutine a décidé de les marchander en guise de « geste » répondant à l’offre que lui a faite Macron avant le G7 de Biarritz – passer l’éponge sur l’annexion de la Crimée, pérenniser l’occupation de fait d’une partie du Donbass sous le nom de « processus de paix », reconnaître Poutine, au moment précis où monte la contestation sociale et démocratique en Russie, comme un personnage clé pour toute la politique européenne de la France. Le marchandage a duré deux semaines : Poutine a demandé, et obtenu, la libération et la livraison par l’Ukraine de plusieurs espions et agents notoires de ses services ainsi que la livraison d’un témoin clef dans un éventuel procès international sur l’attentat contre un avion civil néerlandais en 2014 (298 morts).

Les otages trop encombrants pour Poutine Sentsov et Koltchenko ont été libérés ce samedi 7 septembre 2019, avec 8 autres prisonniers politiques ukrainiens, un tatar, et les 24 marins ukrainiens kidnappés lors d’une opération militaire dans le détroit de Kertch ce printemps.

Les conditions politique de cette libération ont d’ores et déjà été dénoncées par Oleg Sentsov. Cela est quand même une joie et une victoire pour leurs proches, pour les peuples ukrainien et tatar, pour le peuple russe aussi en tant que nation aspirant à la démocratie, et pour toutes celles et ceux qui ont combattu pour leur libération.

Le sens de cette première victoire liée à des manœuvres condamnables entre dirigeants d’États, est de continuer pour la libération de toutes et tous les prisonniers politiques en Russie. A commencer par Konstantin Kostov, jeune manifestant russe condamné à 4 ans de prison, entre autres raisons pour son action en faveur de la libération d’Oleg Sentsov, condamné ainsi en arborant l’effigie de Sentsov sur sa poitrine et cela la veille de la libération de Sentsov !

Ci-dessous  : Sentsov et Koltchenko apprenant leur condamnation ; Koltchenko libéré ; Sentsov libéré ; Konstantin Kostov.