Début novembre des collègues nous ont alerté pour avoir reçu un courrier indigeste et illisible, signé d’un « conseil national de transition », leur expliquant que le vrai dirigeant du pays, qui s’appelle Eric Fiorile et qui habite au Donjon, leur fait savoir qu’ils sont coupables de génocide en portant des masques anti-contagion et en les faisant porter aux élèves, et que maintenant qu’ils en sont informés ils savent qu’ils devront en subir les conséquences !
Les représentants FSU au CHSCTD avaient alors proposé aux autres représentants du personnel dans cette instance, UNSA et FO, d’adresser un courrier à Mme la Dasen et à Mme la Préfète indiquant que, dans le contexte marqué notamment par l’assassinat de Samuel Paty, nous demandons à ce que de telles menaces contre les fonctionnaires soient prises au sérieux, ce qui fut fait.
Ce sont plusieurs dizaines, notamment de directeurs d’écoles, ainsi qu’une grande partie des fonctionnaires d’autorité de l’Éducation nationale et d’autres ministères, qui ont depuis reçu ce curieux document, parfois déposé à la main dans la boite à lettre de l’école. Et sans doute plus, car beaucoup l’ont jeté sans trop y prêter attention, le prenant pour une mauvaise pub, un gag ou une erreur de destinataire, sans le lire.
On apprend par la presse ce vendredi que le signataire de ces pensums a été interpellé mercredi par la DGSI pour projet d’action violente, en relation avec des groupes d’ultra-droite qui auraient projeté un attentat contre E. Macron fin 2018.
Sur son site, ce groupe prétend que ce n’est pas grave car les forces de l’ordre sont en train, disent-ils, de basculer de leur côté, et que pour les dresser contre le « nouvel ordre mondial », il faut leur apporter … du chocolat.
De plus en plus, les divers complotismes sont nourris d’un gloubi-boulga à la sauce « Quanon », issue du trumpisme, prenant pour cibles des forces soi-disant occultes et, à la faveur de la pandémie de Covid, des fétiches médicaux (masques, vaccins …) : le traumatisme et la crise sociale sont perçus par eux comme l’œuvre de personnages diaboliques, dans la tradition des fantasmes antisémites. Même lorsqu’ils sont risibles, il faut prendre au sérieux ces phénomènes. Tout collègue menacé est en droit de le dire, de nous le signaler, de remplir une fiche Santé et Sécurité au Travail, et de porter plainte.