Nous nous excusons de la coloration militaire de ce titre, mais il est dans la tonalité de l’époque actuelle et il traduit, en fait, ce que fut « l’ambiance » du premier Conseil Départemental de l’Education Nationale (CDEN) de l’Allier de cette année, tenu hier au lycée Jean Monnet.
Le CDEN est présidé par Mme la Préfète : elle nous a accueillis, puis elle est partie au motif qu’elle devait préparer la visite du Ministre de l’Enseignement professionnel et de la « Réussite scolaire », Alexandre Portier, ce jeudi à « Vichy, Cusset et Gannat », que nous savions invité par le député LR de Vichy. Mme la Dasen nous a quittés, elle, vers 16h, apparemment pour le même motif. Le ministère de la « réussite scolaire » commence bien, en abrégeant la présence des principaux représentants de l’Etat dans la première instance départementale consacrée à l’école publique !
Les déclarations préalables furent, pour nous, un moment important de ce CDEN, en raison de la situation. FSU et CGT dans une déclaration commune ont affirmé notamment qu’un « gouvernement sans légitimité électorale qui choisit la fuite en avant antisociale est un gouvernement irresponsable qui sème le vent et récoltera la tempête. Dans l’Allier, notre mise en garde se concentre sur une question : celle de la carte scolaire. »
L’ordre-du-jour portait entièrement sur le bilan de la dernière rentrée, avec beaucoup d’éléments déjà communiqués et analysés lors du CSAD. A propos des chiffres concernant l’orientation dans l’Allier, où était relevé une diminution des réussites au DNB (Brevet des collèges), nous avons questionné l ‘administration sur le devenir des élèves ne l’ayant pas obtenu. Réponse imprécise : il apparaît qu’il y a de 300 à 400 sur le département n’ayant pas eu le DNB et ayant été orientés en Seconde – c’est important-, dont 14 sont allés dans la première classe-impasse dite « prépa-seconde » à Albert Londres. Que deviendraient ces élèves si le « choc des savoirs » suivait son cours en faisant du DNB, dont les Rectorat peuvent manifestement faire varier le taux de réussite à la hausse ou à la baisse selon les consignes officieuses du ministère, le concours d’accès au lycée ???
De plus, lors de la présentation des mesures de rentrée en collège, nous avons dû constater qu’à présent, dans le langage « DASEN », le seuil pour dédoubler une classe est de … 32 élèves, et ceci étant entendu comme ayant été ainsi de toute éternité ! Ainsi change le « droit » coutumier rectoral : par un tournant obscur, on est passés d’un seuil de 30 à un seuil de 32 ! Les murs ont-ils bougé ? Quand, comment, s’est produit cette nouvelle « réforme » de 30 à 32 ?
Mais l’ombre de la prochaine carte scolaire a dominé ce CDEN. Il ne pouvait en être autrement puisque le budget de M. Barnier, sous l’œil à la fois protecteur et vigilant de Mme Le Pen, prévoit 4035 suppressions de postes d’enseignants dont 3155 dans les écoles ! Un élu s’est étonné, à juste titre, que l’ « Observatoire des dynamiques de la ruralité » annoncé à grand son de trompe l’an dernier, se réunisse … après le CDEN – en l’occurrence aujourd’hui 6 novembre ! Rappelons que les syndicats n’y sont pas conviés. Nous sommes intervenus pour demander qu’un compte-rendu précis en soit donné au prochain CDEN. Il nous a été répondu que ceci aurait forcément lieu, mais sans garanties précises, mais qu’un Groupe de travail carte scolaire, dès janvier, se réunirait avec les représentants des personnels à l’Inspection d’académie …
La FSU a posé deux questions au Conseil départemental. La première visait à savoir si les mesures de restrictions budgétaires annoncées, de la part de l’Etat, envers les département, vont impacter les budgets des collèges. M. Bidault, vice-président du Conseil départemental, nous a répondu que non. Nous prenons donc bonne note …
La seconde question demandait ce que les collectivités locales vont faire pour éviter des hausses des tarifs de cantines. M. Bidault ne tenant pas à comprendre, nous lui avons donc précisé que cette question avait pour cause l’annonce de la hausse des tarifs des familles de 3,50 euros à 4 euros en 2025 dans les communes où la restauration scolaire est mutualisée entre les collèges et les écoles primaires : Bourbon, Cérilly, Cosne, Dompierre, Jaligny, Le Donjon, Lurcy-Lévis, Marcillat, Montmarault, Néris, Saint-Germain, Saint-Yorre, Tronget, Vallon – ça fait du monde !
Du coup, M. Bidault fut fort contrarié, affirmant que la question est « hors sujet »et que « les privilèges » doivent prendre fin. Mais le débat animé suscité alors par les autres élus présents, maires ou conseillers départementaux, a bien montré qu’en fait de hors sujet, nous avions tapé sur un point sensible. Car cette mutualisation école-collège fut en son temps encouragée comme source d’économies. Les justifications avancées sont très embrouillées : la Chambre régionale des comptes aurait pointé un supposé problème, mais oralement et pas par écrit …
Cette hausse de tarifs est inquiétante car elle fait craindre que le Conseil départemental ne s’engage dans des mesures visant le public au lieu de résister à une ponction centralisée effectivement contestable. Sa session extraordinaire à Yzeure le 18 novembre prochain nous verra présent pour bien suivre l’évolution de la situation.
A l »illégitimité démocratique du présent gouvernement s’ajoute en effet les coupes sombres annoncées et la violence sociale, justifiées par une « dette publique » qui aurait soudain explosée. Mais la dette « publique » n’est pas celle des familles ayant emprunté : elle est le mécanisme par lequel les Etats alimentent les marchés financiers. Convient-il d’être fanatiques de cette dépense publique là. ? Nous, nous sommes pour les dépenses socialement utiles, oh combien nécessaires.
Ce sont dont la carte scolaire et les moyens des établissements qui étaient les vrais sujets de ce CDEN. Nous en reparlerons dans l’assemblée départementale de défense de l’école publique, mercredi 27 novembre à 14h à la Salle Desterne, Tronget.