700 spectateurs (et non pas 1000 comme proclamé, mais ceci dit ce n’est pas négligeable), beaucoup de familles « bleu marine », majoritairement venues d’ailleurs, ont dû attendre une heure, chauffées par un amuseur graveleux (« elles sont belles les vaches du Bourbonnais, les femmes c’est pareil, ah, ah, ah ! »).
Début du spectacle : 3 minutes de croix gammées projetées sur la façade du CNCS. Le temps de se demander quel est le message … quant arrivent les jeeps qui « libèrent la France ». Et là, « grand-mère » annonce que les scènes successives montreront la France éternelle, rassemblée pour chasser les envahisseurs.
Cette scène initiale, non prévue dans les canevas précédents, a été rajoutée pour « faire républicain », si l’on peut dire, et montrer que les nazis sont des « étranger » et donc que Murmures, dont le petit cheffaillon va ensuite communier avec les néonazis dans Sophiapolis, serait hors de tout soupçon. Elle n’en est pas moins subliminale !
Suivent donc les scènes successives de la France éternelle repoussant les envahisseurs : Vercingétorix (qui a tellement bien repoussé les Romains que notre langue vient de la leur !), Clovis (qui, dans le Bourbonnais, était lui-même un envahisseur !), etc. Deux mots absents : Révolution et République. La seule et unique symbolique qui peut tenter de passer pour républicaine, à la fin, est équivoque : ce sont les lettres RF entourées de couronnes de laurier et de chêne. Ce type de symbolique est courant dans le bonapartisme et le pétainisme, rare dans les imageries républicaines. Associée à la Marseillaise finale qui donne le change, elle n’a pas été choisie au hasard : Sophiapolis murmure !
Techniquement, le plus réussi (169 000 euros !), ce sont les mapings, sous une musique grandiloquente. Selon La Montagne, ce fut plus proche de Michelet que de Marc Bloch : dur pour Michelet, qui avait au moins, lui, un souffle romantique. Les scènes jouées, toutes sur le même schéma, relèvent d’un prétentieux amateurisme.
Alors, M. Périssol, le cahier des charges, contrat d’engagement républicain inclus, est-il respecté ?
La réponse très politique vous appartient …
Et vous, M. Stérin, êtes-vous bien sûr de la qualité du produit et de sa capacité à être reproduit ? Nul doute qu’en tant que sponsor et guide, vous allez avoir quelques comptes à demander au petit Senet, n’est-ce pas ?
Inévitablement, Murmures est accompagné du cri des corbeaux, et cela aussi doit faire partie du compte-rendu du spectacle, car c’est sa marque de fabrique : Riposte laïque se distingue ce matin dans un déferlement fantasmatique de haine personnalisée contre le secrétaire départemental de la FSU. Tout est mensonger de bout en bout, y compris le film de son prétendu discours, qui date de plusieurs années – cela alors que des « espions » sont en effet venus filmer. On notera ce passage : » Mon ami Guillaume Senet m’a demandé tes coordonnées. » Nouveau message qui veut dire : on a ton adresse. L’auteur, courageusement anonyme sous le pseudo ridicule de « Paul le Poulpe », annonce aussi un reportage de Vincent Lapierre, présent sur place : ce personnage est un conspirationniste antisémite violent.
Cette trainée de menaces, de tentatives d’intimidation et de haine qui précède et suit « Murmures de la Cité » sera-t-elle enfin prise en considération par le maire de Moulins et président de la communauté d’agglomération coupable d’avoir introduit les corbeaux dans notre cité, pour évaluer le respect d’un cahier des charges qui annonçait le plus grand « spectacle immersif » jamais vu en Auvergne, de la part du porteur incarné du Vrai, du Bon, du Juste et du Beau qu’est le petit Senet et son double le grand Poliste, dont l’ignorance crasse en histoire, de France et d’ailleurs, n’est plus à démontrer ?