Environ 200 participantes et participants se sont retrouvés samedi 22 novembre place d’Allier à 14 h. Le CIDFF, le Collectif Hubertine Auclert, le Planning Familial, le collectif Mille Couleurs, la FSU et la CGT sont intervenus dans ce rassemblement où apparaissaient également la CFDT et la Confédération paysanne. Fanny Dauvergne, présidente du CIDFF Allier, est apparue aux informations régionales.

Pour la FSU, après le premier rassemblement réussi l’an dernier à la même époque, cette action augure bien de l’indispensable unité des organisations féministes et syndicales dans la période qui vient.
Voici l’intervention de Juliette Grand au nom de la FSU Allier :
Pour la Fédération Syndicale Unitaire de l’Allier, féminisme et syndicalisme sont indissociables. L’action pour les intérêts matériels et moraux des salariés, actifs, en recherche d’emploi, retraités ou en formation, ne saurait être séparée du combat contre toutes les formes d’oppression, dont la plus ancienne, la plus immémoriale, ce qui ne lui confère aucun titre d’éternité et aucune légitimité, qu’est la domination masculine sur les femmes.
Il est vrai que longtemps, l’action syndicale ne se savait pas féministe en tant que telle, lorsque par exemple, comme cela nous est arrivé dans l’Allier, nous défendions des femmes de ménages manifestement méprisées et harcelées et constations en cours d’action qu’il s’agissait bien, aussi, voire d’abord, d’oppression masculine. Mais maintenant, et depuis déjà plusieurs années, nous le savons, nous l’assumons et nous le brandissons. Avec le 1° mai, les journées du 8 mars et du 25 novembre doivent devenir de grandes journées de mobilisation.
L’inégalité salariale, prolongée par le montant des pensions, la part des temps partiels et de la précarité plus forte chez les femmes, sont des réalités qui persistent malgré la loi, montrant à quel point exploitation du travail et domination masculine globale se combinent l’une avec l’autre.
Et rien n’est acquis, rien n’est acquis en matière d’égalité et de libre disposition personnelle et corporelle des femmes.
A l’échelle mondiale, la lutte entre despotisme et liberté, exploitation et émancipation, passe de plus en plus par la lutte pour ou contre la domination masculine. Car, qu’on ne s’y trompe pas, il y a bien lutte consciente et violente pour la domination masculine, des mollahs iraniens à Donald Trump en passant par Vladimir Poutine. Le masculinisme est une composante clef des formes contemporaines de fascisme et de réaction sur toute la ligne, visant à écraser les sociétés humaines sous le talon de fer de l’accumulation illimitée et accélérée du capital.
Le masculinisme vise à l’écrasement répressif des femmes, lequel peut aussi revêtir la forme du régime des talibans en Afghanistan ou de la monarchie saoudienne, et il vise à les écraser pour écraser tout ce qui relève de la solidarité humaine entendue comme faiblesse féminine.
« Ton corps, mon choix », ce slogan adéferlé sur les réseaux sociaux à la réélection de Trump. Des femmes se font elles-mêmes, comme « influenceuses », les promotrices du retour à une famille dite traditionnelle, totalement mythique et relevant du fantasme le plus malsain. L’ordre social dans lequel les femmes seront remises à la botte des hommes serait aussi un ordre social catastrophique pour les hommes, bien entendu, le degré d’émancipation des femmes étant la mesure du degré de développement humain de toute société humaine.
C’est une réalité mondiale, c’est aussi une réalité locale. L’année scolaire 2025-2026 dans l’académie de Clermont-Ferrand a été inaugurée par le suicide, causé par la calomnie et les insultes, et par l’absence de défense institutionnelle, de Caroline Grangean, professeure d’école également passée par l’Allier, victime d’attaques lesbophobes dans un village du Cantal.
Les pouvoirs publics, la République, devraient être les premiers à dire « Plus jamais ça », et ils le disent parfois, mais sans s’en donner les moyens. L’enseignement catholique sous contrat mène une action efficace, envers les actuels gouvernements, pour modifier à son idée les EVARS, ces indispensables programmes d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, objet de campagnes de fantasmes de la part de l’extrême droite et de tous les extrémismes religieux.
Dans ces conditions, rien n’est anecdotique. Lorsque le représentant de l’Etat, sous-préfet de son état, inaugurant les travaux dans une école, à Chatel-de-Neuvres, pérore dans son petit discours sur la « libido des femmes » qui serait le problème de nos campagnes, à l’origine, si l’on comprend bien, de la baisse démographique censée entrainer des fermetures de services publics, nous avons affaire à l’expression brute de l’idéologie masculiniste globale qui fait de la place croissante des femmes la cause des maux sociaux.
Les digues se brisent au moment précis où, partout dans le monde, et partout dans la jeunesse, se lève un vent de liberté contre toutes les oppressions. Le choc est inévitable. Aux vieux escogriffes de la domination, nous disons fermement : « Vous ne passerez pas, vous ne passerez plus », et ce combat, femmes, hommes, féministes, syndicalistes de toutes les couleurs, nous le mènerons jusqu’au bout !

ALLIER