A l’issue du rassemblement contre les suppressions de postes prévues par la carte scolaire à la rentrée prochaine dans les écoles publiques de l’Allier, une délégation a été reçue à la Préfecture par M. Olivier Maurel, Secrétaire Général de la Préfecture et sous-préfet.

La délégation était composée d’élus : Didier Paqueriaud, maire de Bessay-sur-Allier, Hervé Baudoin, maire de Neuilly-le-Réal, Ludovic Chaput, maire de Bourbon-l’Archambault, Patrice Buchet, premier adjoint à Montbeugny, Françoise Presles, première adjointe à Diou, François Diot, représentant du député de Moulins Yannick Monnet, de représentants syndicaux : Vincent Présumey (FSU), Pierre-Mathieu Daviet (FSU-SNUIPP 03), Delphine Moulinot (UNSA-Education), Claire Stach (FNEC-FP-FO), et de Pauline Van Aenrode, représentante des parents d’élèves de la maternelle de Neuilly-le-Réal.

En introduction, nous avons rappelé notre opposition aux mesures dites de carte scolaire, exprimé le sentiment partagé (et exposé dans notre lettre à la Ministre, sans réponse à ce jour) d’une contradiction dans le discours de l’Etat entre les déclarations sur les possibilités de développement de l’Allier et les mesures prises en matière d’offre, ou plutôt de réduction de l’offre, de services publics, et nous nous sommes étonnés d’avoir appris seulement aujourd’hui que l’ « Observatoire des Dynamiques de la Ruralité », présenté dans les instances comme une panacée, avait été réuni voici une semaine.

Notre demande d’être reçus par Md. le Préfet ne visait pas à mettre en opposition Préfecture et Education Nationale (nous en avions d’ailleurs informée Md. la Dasen), mais à alerter l’Etat en tant que tel sur la réalité départementale.

Tous les membres de la délégation ont pu s’exprimer, soulignant notamment l’incohérence entre la politique des « Villages d’avenir », dont les deux maires étaient présents, et les fermetures de classes, et plus généralement entre les investissements communaux souvent sollicités par l’Etat et les fermetures.

Le fait que beaucoup d’enfants ont des besoins particuliers, la délégation de fait par l’Etat aux collectivités du suivi des élèves en situation de handicap sur les temps de pauses méridiennes, les problèmes posés par les classes à plusieurs niveaux, la violence de fermetures répétées combinées à des fusions d’écoles et de leurs conséquences désorganisatrices comme à Gannat, ont été soulignés.

Les propos de Mme la Ministre, en réponse au député de Moulins, pour une vraie concertation en amont, ainsi que des déclarations laissant entendre que les fermetures de classes ne sont pas souhaitables dans les communes concernées par les politiques d’Action Cœur de Villes, ont été soulignés. En effet, cette méthodologie est transposable aux communes labellisées Village d’avenir ou Petites Villes de Demain.

Nous n’attendions évidemment pas de la Préfecture qu’elle annule des fermetures aujourd’hui, mais, en l’absence de réponse ministérielle et compte tenu de l’absolue non prise en compte du vote unanime du CDEN contre cette carte scolaire, nous souhaitions une écoute sérieuse prenant en compte la réalité départementale.

Ce fut le cas, comme l’atteste la durée de l’entretien (de 16h 30 à presque 19 h). M. le Secrétaire Général n’a pas caché l’existence de contradictions entre les différents ministères et secteurs de l’Etat et a tenté de dessiner ce que devrait être une procédure la moins conflictuelle possible, une « règle du jeu » faisant appel à l’ « intelligence collective ».

Premièrement, il faudrait établir un diagnostic rapide et cartographié, faisant apparaître les évolutions démographiques probables de chaque territoire. Deuxièmement, sur cette base définir les « espaces de négociation ». Troisièmement, concernant les territoires les plus menacés, engager des discussions en amont sur les possibilités d’endiguer le recul des effectifs. Dans cette démarche, les spécificités locales et notamment les projets de développement économique, comme Imerys dans le secteur Sud ou Logiparc près de Montbeugny, et les vecteurs d’attractivités résultant d’investissements des collectivités (zones d’habitat disponible, structures petites enfance telles que crèches ou MAM …) doivent être pris en compte dans l’orientation des politiques publiques.

Revenant en conclusion sur cette méthodologie souhaitable, M. le Secrétaire Général a reprécisé quelques points : le fait que les élus doivent « jouer le jeu » en organisant des fusions et des regroupements ; et le fait que l’Observatoire dit des « Dynamiques de la Ruralité » peut avoir un rôle à jouer dans l’amélioration du dialogue.

En résumé, le représentant de la Préfecture a exprimé le souhait de l’Etat dans sa généralité d’avoir une approche globale, d’être à l’écoute et de ne pas s’en tenir au quantitatif, reconnaissant l’importance des critères qualitatifs : spécificités territoriales, besoins propres de nombreux élèves et difficultés éventuelles des classes multiniveaux, projets de développement économique. En même temps, il exprime la difficulté pour l’Etat lui-même d’avoir une telle cohérence, ce qui prête à réflexion.

Tout en en reconnaissant l’intérêt, nous soulignons les limites de cet exposé, d’une part en ce qu’il reste contraint par les décisions budgétaires qui, à ce jour, visent à réduire l’offre en nombre de postes, alors que les moyens de remplacements ou les Réseaux d’aide sont déjà asséchés depuis des années, et d’autre part en ce que les fusions d’écoles, dans tous les types de territoires (ruraux ou urbains), semblent être la mesure par excellence attendue par l’Etat des élus « jouant le jeu » – ce qui n’a pas empêché les communes étant allées dans ce sens de subir des fermetures, en fait !

Concernant tout particulièrement les communes « Villages d’avenir » concernées par des fermetures, il semble que la discussion dans l’Etat sur l’opportunité de revenir sur celles-ci n’est pas encore refermée, et ceci devrait valoir aussi pour les communes “Petites Villes de Demain” et « projets Cœur de ville ».

Avec les citoyens, les élus locaux, les personnels et leurs syndicats, les parents d’élèves, nous allons continuer à nous mobiliser et, à la suite de cet entretien, discuter des autres initiatives à prendre tant envers l’Education nationale qu’envers l’Etat dans sa généralité.

Merci à François Diot (qui, du coup, n’est pas dessus) pour la photo !