Voici que des centaines de milliers de salariés, de précaires, d’ « indépendants » paupérisés, déferlent en criant qu’ils ne peuvent plus et ne veulent plus. Voici qu’ils ne se sont pas saisis de mots-d’ordre syndicaux mais d’un buzz de réseaux sociaux, de virtuel devenu réel, dans lequel les officines d’extrême-droite sont présentes.
Mais voici que pour tous ceux qui sont allés à leur rencontre, le peuple des barrages et des ronds-points n’est pas conforme à l’image stéréotypée reproduite par l’humoriste G. Meurice : rien ne vaut le réel !Ils ne sont pas shootés au Diesel, mais ils rejettent les impôts indirects : faut-il rappeler que c’est une vieille revendication du mouvement ouvrier et avant lui de la Révolution française que leur abolition ? Nous sommes pour l’impôt progressif sur le revenu et le capital, pas pour la gabelle !
Et bien sûr que cela fait débat. Oui, des syndiqués FSU sont parmi les « gilets jaunes », même dans une fédération de la fonction publique ! D’autres sont méfiants, c’est normal aussi.
Alors, nous avons des responsabilités. Rester l’arme au pied pour ne pas faire le jeu de l’extrême-droite … fera le jeu de l’extrême-droite !
Comme on a pu l’entendre sur France Info : « si le gouvernement cède sur les taxes il craint de devoir céder aussi sur les retraites et le statut des fonctionnaires ».
Voici notre message départemental aux autres organisations syndicales, suivi de nos deux préavis de grève allant jusqu’à la fin de l’année :
Chers camarades,
le mouvement dit des « gilets jaunes » interpelle l’ensemble de nos organisations syndicales.
La question posée doit être formulée simplement : quand des centaines de milliers de salariés souvent non oranisés syndicalement, de petits commerçants, artisans, paysans voire patrons paupérisés, de chômeurs, d’ « auto-entrepreneurs », déferlent en exigeant l’arrêt de la baisse de leur niveau de vie, le syndicalisme peut-il rester l’arme au pied ?
La réponse est claire : l’immobilité est suicidaire.
Nous avons bien conscience à la FSU, fédération de la Fonction publique et essentiellement de l’enseignement public, d’avoir peu de prise directe sur cet enjeu, mais aussi chez nous des syndiqués nous sollicitent à juste titre sur ce sujet, et nous estimons de notre devoir de syndicalistes, en raison de l’intérêt général du salariat, de réagir.
S’il n’est pas question d’action commune avec des secteurs patronaux ou d’extrême-droite, il ne saurait être question pour autant d’inaction délibérée quand des secteurs massifs des notres, du salariat, entrent en mouvement et posent notamment les questions du pouvoir d’achat et donc des salaires, et de la fiscalité indirecte, la plus injuste.
C’est au contraire en décidant ostensiblement de les laisser seuls que l’on fait et que l’on fera le jeu de l’extrême-droite.
La question d’appels unitaires à la grève centrés sur les revendications salariales est clairement posée, cela de manière immédiate. Car si on laisse ce mouvement aller à des affrontements croissants et médiatisés, en supposant qu’il va s’effilocher, alors on fait le jeu à la fois de Macron et de Mme Le Pen, et ce sont les contre-réformes visant les retraites et le statut de la fonction publique qui risquent de passer dans une situation générale de plus en plus dégradée.
C’est pourquoi nous vous proposons d’échanger si possible directement sur ces sujets, vu le caractère pressant de la situation, et c’est pourquoi nous prenons l’initiative de vous inviter à une intersyndicale le mercredi 28 novembre, à 16h 30 à Tronget.