Grève pour la santé des personnels et des élèves, voila qui est clair.
Mais l’expérience du lundi 2 novembre avec le sabotage organisé par en haut des hommages à Samuel Paty montre aussi une chose : quand ce sont les personnels qui organisent, ça marche. Quand ça descend d’en haut, ça cafouille.
Au lycée Banville de Moulins, d’où venait Samuel Paty, il y a eu réunion des personnels avec la direction ce qui a permis de décider de la lecture intégrale de la lettre de Jean Jaurès – merci à radio bocage pour la vidéo intégrale.
Au lycée De Staël de Montluçon, hommage « inaudible et bricolé » nous disent les collègues. C’est après l’hommage qu’une AG des personnels en présence de la direction a pu se tenir à la demande des élus SNES-FSU au CA. C’est là que tant les séances sur la liberté d’expression et la laïcité que les questions sanitaires ont pu être abordées.
Au lycée Geneviève Vincent de Commentry, les personnels ont adressé la lettre suivant au ministre :
Monsieur le Ministre,
Les enseignants du lycée Geneviève Vincent de Commentry souhaitent faire part de leur mécontentement quant à l’organisation de l’hommage rendu le lundi 2 novembre à M Samuel PATY.
Un temps de concertation aurait permis d’élaborer, par établissement, un document collectif sur lequel les enseignants auraient pu s’appuyer afin que tous les élèves puissent avoir une séance commune de la part de la communauté éducative.
Une nouvelle fois, l’institution met les professeurs devant un fait accompli et leur demande de s’adapter aux divers ordres et contre-ordres sans leur permettre d’organiser les réunions nécessaires au vu de la gravité de l’acte commis.
Nous avons l’impression que cet hommage n’a été qu’un simulacre.
Au collège François Villon d’Yzeure, le directeur de cabinet de la préfecture a reçu un représentant des personnels SNES-FSU qui lui a exprimé la tristesse et la colère de ceux-ci.
Plus généralement, le « matériel pédagogique » officiel et les recommandations (allant de faire montre de prudence au signalement des « propos déplacés » d’élèves), qui nous tombent d’en haut, dénotent une réelle méconnaissance et incompréhension de ce qu’est la laïcité.
La laïcité n’est ni une doctrine d’État, ni une obligation de diffuser telles ou telles images, ni « le respect de toutes les religions à égalité ». C’est une institution qui consiste dans la séparation du religieux et de l’idéologique d’avec la sphère publique notamment scolaire. A ce titre, elle est à la fois un idéal régulateur dur à atteindre, ayant pour finalité la formation d’individus et de citoyens autonomes et libres, et une norme institutionnelle qui passe par des lois et des règlements : la République ne reconnait, ne subventionne, ne salarie aucun culte, et ainsi garantit la liberté de conscience … D’autres lois et règlements, avant tout ceux concernant l’école privée confessionnelle sous contrat, lui sont donc contradictoires.
La laïcité est un cadre nécessaire au débat démocratique argumenté entre citoyens égaux. Si vous voulez m’égorger, vous sortez de ce cadre : l’interdiction de l’appel à l’égorgement ou de sa justification est une condition de la liberté. De même, si vous clamez que toute « opinion », la terre ronde ou la terre plate, est égale, vous détruisez les conditions du débat : la référence socialement définie à la vérité scientifique est elle aussi une condition de la liberté. Ce cadre est supérieur à toute opinion et à toute religion, et c’est ainsi et seulement ainsi qu’il y a respect de celles-ci.
Cela, nous sommes capables de le porter, surtout en le faisant vivre. La Blanquer way of life l’est-elle ? …