Les syndicats de l’enseignement public, CGT-Educ, Snudi-FO, FSU, SGEN-CFDT, SE-UNSA, SNALC, SUD-Educ, ont appelé aujourd’hui dans l’Allier aux trois rassemblements, moments aussi de recueillement et de discussion, en l’honneur de notre collègue Dominique Bernard et des collègues blessés à Arras.
Dans chacune des trois villes, environ 200 personnes y ont pris part, dont beaucoup de collègues. Ce nombre bien entendu trop limité traduit la situation d’inquiétude : c’est la deuxième fois, et la situation internationale voit la guerre roder comme la nuée portant l’orage.
A Vichy tout particulièrement, plusieurs élus étaient présents avec leurs écharpes. A Moulins, nous saluons la présence de nos collègues et camarades défenseurs de l’école publique, les parents de Samuel Paty. La mairie de Commentry avait imprimé et diffusé des portraits de Samuel Paty et de Dominique Bernard.
Dans les lycées et collèges, les deux heures banalisées le matin et la minute de silence à 14h ont dans l’ensemble été mises en œuvre, avec quelques situations aberrantes que nous demandons aux collègues de nous faire remonter précisément – dans un lycée, la direction est littéralement restée cachée, laissant les seuls enseignants isolés, ce qui n’est pas acceptable.
Au lycée Banville de Moulins, où un hommage à Samuel Paty s’était tenu vendredi, les élèves à nouveau rassemblés à l’agora à 10 h ont entendu les explications de la direction et de professeurs. Il faut noter qu’ à la prison d’Yzeure, nos collègues enseignants qui y interviennent ont rencontré beaucoup d’égards et que malgré le retard dans les consignes, il y a eu une minute de silence au scolaire de la prison lors d’une cérémonie de remise de diplômes, et que cela a été apprécié des détenus diplômés.
Voici le texte de la prise de parole commune (lue par Vincent Présumey à Moulins et Florine Lazaro à Montluçon, FSU, et Delphine Moulinot, SE-UNSA, à Vichy), les drapeaux syndicaux, volontairement limités, étant regroupés ensemble :
« faire bloc contre le terrorisme islamiste et l’obscurantisme »
3 ans après l’assassinat de Samuel Paty, nous voici de nouveau réunis pour exprimer notre stupeur, notre désarroi et notre immense tristesse face à la mort de Dominique Bernard. Aujourd’hui nous rendons hommage à ce professeur de français à Arras, victime d’un acte terroriste, assassiné sur son lieu de travail, dans son lycée, parce qu’il était enseignant. Comme nous soutenons également aujourd’hui les deux agents et un enseignant du lycée qui ont risqué leur vie pour protéger des élèves.
Dominique Bernard, était du service public d’éducation, il avait pour seul objectif de transmettre, éduquer, former, construire le futur citoyen émancipé, éclairer la compréhension du monde.
Les organisations syndicales ici présentes condamnent ce nouvel acte de barbarie contre un enseignant. Aujourd’hui encore, en France, en 2023, trois ans presque jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, un professeur pour ce qu’il représente et parce qu’il exerce son métier a été la victime du terrorisme islamiste. C’est insupportable ! L’école doit être protégée de toute attaque et de toute dérive obscurantiste afin de garantir son rôle d’émancipation pour toutes et tous. Nous ne pouvons pas tolérer qu’on puisse mourir du seul fait de faire son travail.
Demain, dans nos écoles, dans nos collèges et lycées, comme le faisaient nos collègues Samuel Paty et Dominique Bernard au quotidien, nous continuerons de porter l’idée d’une école émancipatrice pour toutes et tous parce que c’est bien ainsi que se construit l’avenir de la jeunesse et de notre pays.
Nous sommes aujourd’hui meurtris. L’école ne doit pas devenir une cible pour ce qu’elle représente : un lieu d’émancipation par les savoirs, permettant à chaque élève d’entrevoir une porte, un avenir quel que soit son milieu d’origine.
Si nos organisations syndicales sont toutes réunies ici c’est aussi pour affirmer que ce drame ne doit pas être utilisé ou récupéré à des fins politiciennes. Nous refusons qu’il serve de prétexte à une stigmatisation d’une partie de la population ou à imposer une réponse politique inappropriée.
Nous pensons aux personnels du collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, du lycée Gambetta à Arras ainsi qu’aux familles touchées et aux proches touchés de plein fouet par ces drames qui ne devraient pas être.
Il nous semble important de donner aussi connaissance du communiqué national du Réseau Éducation Sans Frontières :
Le 15 octobre 2023,
Nous continuerons de soutenir celles et ceux qui demandent l’accueil
Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, RESF éprouve le même sentiment d’horreur si largement partagé devant l’assassinat du professeur Dominique Bernard, commis par un jeune radicalisé. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille et tout notre soutien aux autres victimes, aux enseignants et aux personnels des établissements scolaires, ainsi qu’aux élèves.
Pour autant, le fait que l’auteur de cet acte soit étranger ne justifie d’aucune façon le déferlement révoltant des opinions partisanes et la désignation des boucs émissaires habituels : les étrangers et celles et ceux qui les soutiennent.
En effet, cet acte odieux met en péril l’ensemble des étrangers vivant en France, et ouvre la voie aux propos de haine et aux propositions les plus dangereuses de la droite extrême.
Depuis 2004, les collectifs, organisations et citoyens qui constituent le RESF pallient les carences de l’Etat français dans la prise en charge et l’accueil des étrangers. RESF soutient les démarches de celles et ceux qui arrivent sur le sol français pour y demander refuge et accueil. Combat les lois répressives qui s’accumulent, restreignant chaque fois davantage les possibilités de régularisation. Agit avec les communautés éducatives pour aider les jeunes scolarisés à trouver leur place dans notre société, laïque, tolérante, ouverte, dans le respect des individus et de leur égale considération, hommes, femmes, enfants.
RESF rappelle que les personnes régularisées sont membres à part entière de la société : auxiliaires de vie, aides-soignantes, en première ligne pendant le confinement, celles qui travaillent en EHPAD ou font des kilomètres pour assister les personnes âgées à domicile, mécaniciens, plombiers, ouvriers du bâtiment. Jeunes qui se forment et performent, certains obtenant des diplômes universitaires en ayant commencé par un CAP, ou un Bac Professionnel. Et parfois un héros, comme Lassana Bathily à l’Hyper casher en 2015, et d’ autres anonymes.
RESF continuera à agir, en soutien des personnes migrantes, comme il l’a fait précédemment et le revendique. Les guerres, la misère, l’emballement climatique alimentent l’exode des populations. L’attitude purement sécuritaire et expulsionniste réclamée par certains ne peut être que vouée à l’échec dans le moyen et long terme. Nous réclamons en urgence aux pouvoirs publics une politique d’immigration fondée sur le respect, l’ouverture et l’accueil.