Chers camarades, amis, compagnons,
Nous voici à nouveau réunis pour affirmer l’actualité de la mémoire de Pierre Brizon, notre député authentiquement socialiste qui décida, en 1916, de ne plus voter les crédits de guerre, et qui rédigea le manifeste de la conférence de Kienthal et ses derniers mots adressés « aux travailleurs des villes et des champs » : « peuples qu’on ruine et qu’on tue, debout contre la guerre ».
Tout hommage authentique ne peut qu’associer ce combat exemplaire au moment présent et à l’histoire qui les sépare mais qui, surtout, les relie. Personne ne peut dire ce que Pierre Brizon, pas plus que tout autre, aurait fait dans telle ou telle circonstance, mais il est légitime de s’inspirer de ses positions. Avant d’être pacifistes, elles étaient socialistes, démocratiques, révolutionnaires, et c’est pour cela que dans le carnage entre impérialismes de 1914-1918 elles furent pacifistes. Le combat pour la paix conduisait à la révolte, à la révolution. Combattant ensuite dans son journal la Vague les interventions françaises contre la Hongrie, la Russie et l’Ukraine en révolution, elles étaient carrément défaitistes du côté français, et donc défensistes du côté des armées rouges. Entre oppresseurs et opprimés, occupants et occupés, nulle confusion.
De même, l’indépendance de pensée et la rectitude morale qui, en 1914, conduisirent les internationalistes à se dresser contre le « mensonge triomphant qui passe » (Jaurès), ont pu conduire à la résistance antinazie et antifasciste, et sans aucun chauvinisme, dès juin 1940.
Depuis maintenant plus d’un an, l’impérialisme russe, car il faut nommer la réalité, mène une guerre génocidaire contre une nation qu’il a historiquement opprimée. La neutralité n’est donc pas de mise : elle ne conduit à aucun soutien à nos gouvernements qui disent aider l’Ukraine, telle la corde soutenant le pendu, puisqu’à leur grande surprise la levée en masse de la population et de l’armée ont empêché l’écrasement du pays. Eux voudraient juste que cela dure, sans que Poutine ne perde et ne s’effondre. Les partisans de la démocratie, de la révolution, du socialisme, veulent au contraire qu’il perde et qu’il s’effondre au plus vite. Cela ne fera pas le jeu de l’OTAN, c’est la meilleure issue possible pour les peuples. Le mot-d’ordre du mouvement ouvrier ne doit donc pas être le cessez-le-feu qui perpétue occupation, torture, déportations de population et guerre, mais le retrait total des troupes russes. Et telle est la position nationale de la FSU, de la CGT et de la majorité de nos organisations syndicales, une position que la FSU Allier entend faire passer dans la vie.
Macron et son gouvernement tirent prétexte de la situation mondiale pour lancer une loi de programmation militaire dispendieuse essentiellement consacrée aux armes nucléaires. Nous la combattons, de même que nous combattons leur « Service National Universel », attaque contre la jeunesse et l’école publique, tout en dénonçant leur hypocrisie totale envers le peuple ukrainien qui a, lui, ses militants syndicalistes et socialistes nous l’ont dit à maintes reprises, besoin d’armes. La destruction du barrage de Nova Kakhovka est un ballon d’essai de Poutine préparant son prochain crime de masse, qui visera la centrale nucléaire de Zaporijjia. Nos gouvernements ne disent rien, eux qui ne sont capables que de barrer la route aux migrants pour qu’ils soient noyés en Méditerranée, eux qui ne sont capables que de dissoudre les Soulèvements de la terre.
L’indomptable esprit de révolte de Pierre Brizon trouverait hélas matière à agir plus que jamais dans le moment présent. C’est pourquoi, camarades, la FSU Allier associe son nom à celui de deux jeunes dont le sort nous a touché ou nous touche directement. L’un est Adrien Dugay-Leyoudec, fils d’un de nos syndiqués, qui allait reprendre des études de verrerie au lycée Jean Monnet quand il est parti combattre en Ukraine en disant que d’autres étaient partis en Espagne en 1936. Il est mort il y a exactement un an, des blessures d’une bombe sur le front. L’autre est Maksym Butkevitch, anarchiste, antimilitariste, défenseur des migrants, qui nous avons connu dans des campagnes pour faire libérer des militants. Maksym s’est engagé dans l’armée ukrainienne en tant qu’antimilitariste- ce sont ses termes – en mars 2022, a participé à la libération de Butcha. Fait prisonnier, il a été condamné à 13 ans de prisons par les collabos de Louhansk, pour des crimes imaginaires, dans un procès de Moscou contemporain. Nous ne l’oublierons pas, de même que nous n’oublierons jamais l’espoir de Pierre Brizon, notre espoir commun, en un monde de paix, réconcilié avec la nature, sans oppresseurs ni opprimés. Vive l’Internationale !