Intervention de Juliette Grand pour la FSU à l’hommage à Pierre Brizon à Franchesse ce samedi 26 juin. Sont également intervenus  : P.Vernis maire de Franchesse, O. Mathieu pour l’Association laïque des amis de Pierre Brizon, P. Roy pour la Fédération des amis des monuments pacifistes, républicains et anticléricaux, J. Lachaise pour la Libre Pensée, J.P Dufrègne, député de l’Allier.

Chers amis, camarades et citoyens,

 

la FSU de l’Allier est attachée à ce rassemblement et fière d’y participer, car Pierre Brizon représente l’indépendance de pensée et l’indifférence envers les pressions des pouvoirs, des hiérarchies et des idéologies dominantes et ambiantes, cette indépendance qui est indispensable à tout combat émancipateur réel et donc à toute action syndicale aussi terre-à-terre soit-elle.

Pierre Brizon signifie pour nous un souffle d’air frais indispensable pour se mouvoir dans la lutte et avoir le courage de chercher la vérité et de la dire quel que soit la force du mensonge triomphant qui passe – ces mots de Jaurès, qui fut l’un des éducateurs d’un homme comme Brizon, ont été mis en pratique par lui.

lls ont été mis en pratique, et c’est cela qui nous rassemble aujourd’hui et chaque année, lorsqu’ à l’été 1916, après avoir participé à la conférence internationaliste de Kienthal, ou ce français moustachu, député, galant, et peu au fait de la langue allemande qui était alors celle des congrès socialistes internationaux, avait quelque peu intrigué certains participants plus notoires comme un certain Lénine. Mais il avait gagné leur confiance puisqu’il lui ont confié la rédaction de leur manifeste commun, et ces mots sont bien de lui : « Peuple des villes et des champs, debout contre la guerre ».

Ce manifeste appelait à voter contre les crédits de guerre. Pierre Brizon les avait votés, d’abord avec sincérité, puis avec un doute croissant, depuis septembre 1914. Et en 1916, sous les menaces injurieuses et parfois physiques de la majorité d’union sacrée, en pleine bataille de Verdun, il s’est mis à voter contre.

Il faut parfois se lever et crier : « Je vote contre ». En agissant ainsi, Pierre Brizon rejoignait Karl Liebknecht, qui avait voté contre dès décembre 1914, et du point de vue syndicaliste, Pierre Monatte, qui avait démissionné publiquement du comité confédéral national de la CGT en novembre 1914. A qui lui reprocherait d’avoir plus tardé qu »eux, il convient de dire qu’un courage puissant était nécessaire pour se mettre à voter contre après avoir voté pour, et cela en pleine bataille de Verdun. Et puis, il n’est jamais trop tard pour voter contre !

La mémoire des généraux de Verdun comme Pétain n’est pas resté dans le cœur des peuples. Celle des Brizon y restera toujours.

Avec Pierre Brizon, hier comme aujourd’hui et comme demain, nous votons contre. Dans l’indépendance envers les pouvoirs, envers les barons régionaux, envers toutes les formes de conformisme et d’obéissance.