Ces dernières années l’état du monde a eu un effet nouveau sur l’Allier : l’arrivée de jeunes isolés, majoritairement des garçons venant de pays d’Afrique occidentale et ayant souvent subi des sévices en Libye ou au Maroc. 350 en 2018 et, au rythme actuel, un plus grand nombre en 2019.

Premier problème : déterminer leur âge. Des mineurs peuvent très bien avoir été fortement « vieillis » par la traversée du Sahara et les épreuves endurées, de sorte que sa détermination « scientifique » s’apparente à une loterie des plus subjective. Tout de même, un élément important d’appréciation est forcément constitué par les documents qu’ils fournissent. Depuis fin 2018 la préfecture de l’Allier a entrepris de soupçonner d’être faux tout document d’état-civil africain, même des documents biométriques, même si la Police de l’air et des frontières les a jugés valables, et à l’encontre parfois des décisions du juge des enfants. D’où des remises en cause de l’âge des jeunes concernés et des avis d’expulsion (« OQTF » : Obligation à Quitter le Territoire Français) reposant sur des avis préfectoraux formulés au conditionnel. Soyons clair : le droit ne saurait s’appuyer sur des soupçons !

Second problème : la France étant signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant, un mineur doit être 1) protégé et 2) avoir scolarisation ou formation. C’est ainsi que le plus grand nombres des « mineurs non accompagnés » arrivant dans l’Allier ont commencé des apprentissages. Remarque importante : beaucoup d’entre eux relèveraient à l’évidence de l’enseignement général, du lycée, ils en ont les capacités, et s’ils sont orientés ainsi c’est parce que les métiers dits en tension, métiers de bouche notamment, pourront les recruter et les aider à régulariser leur présence sur le territoire une fois majeurs. Ainsi donc pour dire les choses telles qu’elles sont : un jeune noir est jugé plutôt bon pour l’apprentissage.

Et bon, il l’est, au point que les publications patronales des métiers concernés déplorent l’attitude de l’État et que, comme l’écrit le Quotidien de la Formation-France info de mai dernier « les hôteliers restaurateurs de Vichy sont en colère » !

Car, troisième problème, revoilà la préfecture quand le jeune devient majeur, où auparavant quand la préfecture découvre, au conditionnel et sans preuves, que des papiers d’identité africain, c’est suspect et qu’il est sans doute déjà majeur. Menacé d’OQTF le jeune apprend donc, et ses encadrants, dont l’employeur, avec lui, qu’il doit arrêter sa formation car à 18 ans il n’aura pas le droit de la continuer !

Cette injonction n’attend pas les 18 ans : ainsi la Convention internationale des droits de l’enfant est-elle contredite.

C’est ainsi qu’il est porté atteinte aux droits fondamentaux dont celui, qui nous concerne notamment à la FSU,  à la scolarisation.

Au moment où, dans toute l’Europe, deux figures symbolisent deux politiques  :

  • celle d’un Salvini qui renvoie vers la misère, la mort et les esclavagistes
  • et celle d’une capitaine Carola Rackete qui combat pour le droit et donc au besoin contre les États, voila un véritable enjeu.

L’idée que nous nous faisons du droit est au dessus de l’arbitraire des États, des ministres de l’Intérieur italiens comme des préfectures du centre de la France.

Choisissez :

Le droit.

L’État.

Pétition pour la libération immédiate de Carola Rackete, capitaine du Sea Watch coupable, conformément à toutes les normes de droit humain et du droit de la mer, d’avoir forcé le barrage militaire de l’Etat italien pour sauver des dizaines de vies humaines et ne pas les rendre aux marchands d’esclaves de Libye., et de Pia Klemp, autre sauveuse de vie.