Le 28 octobre dernier, une délégation de RESF (Réseau Éducation Sans Frontières) comportant la FSU (membre de RESF) a rencontré les responsables de l’association Zenais, filiale de Viltaîs, à propos de la situation des jeunes migrants se trouvant au centre d’hébergement de Trevol, qu’elle gère.
Cet établissement de 60 places visait à la « mise à l’abri » de ces jeunes, c’est-à-dire à leur hébergement le temps de vérifier leur âge (minorité ou majorité), avec menace d’obligation à quitter le territoire en cas de « majorité ». Ces attentes d’évaluation devraient durer quelques jours et peuvent durer des mois dans la réalité. A la date de cet entretien, selon ce qui nous a été dit, 23 jeunes se trouvaient à Trevol : 7 en attente d’évaluation et 16 mineurs reconnus comme tels, dont 13 scolarisés ou devant l’être à la rentrée de novembre et 3 officiellement non scolarisés.
Les informations qui remontent des jeunes eux-mêmes ou des établissements scolaires justifient les plus vives inquiétudes quant à la réalité de certaines de ces scolarisations et font craindre que des jeunes, à Trevol ou ailleurs, soient laissés dans une attente délétère, jusqu’à leur majorité en les privant de formation et de perspectives, alors que leur scolarisation aurait pu et dû intervenir en septembre.
Lors du rendez-vous du 28 octobre, l’écoute a été réelle, mais il est à craindre que les « structures » : Aide Sociale à l’Enfance (ASE) relevant du Conseil Départemental, a qui est déléguée l’autorité parentale et qui est responsable de la scolarisation et de la signature des contrats d’apprentissage, DSDEN (Éducation nationale), préfecture, associations gestionnaires de foyers, se renvoient la balle ou s’attendent mutuellement. Or, une des conditions pour l’obtention d’un titre de séjour, quand on a été pris en charge par l’ASE entre 16 et 18 ans, est d’avoir suivi une formation d’au moins 6 mois au jour de la demande. Donc, différer leur scolarisation jusqu’à 17 ans et demi revient à organiser le refus du titre de séjour !
Ainsi sont « fabriquées » des situations de fait qui se résument ainsi : négation du droit à la scolarisation de mineurs puis procédure préfectorale d’expulsion quand ils sont considérés majeurs.
Cette situation est grave. Rappelons que beaucoup de ces jeunes sont jugés comme de « bons éléments » par les patrons qui ont eu affaire à eux. Rappelons aussi qu’ils ont, tous et toutes, subis des sévices graves au cours de la traversée de l’Afrique du Nord (Libye …) qui est généralement le trajet qu’ils ont accompli, certainement pas de gaité de cœur, trajet propre à « vieillir » plus d’un mineur dont l’âge et les documents d’identité sont méthodiquement et systématiquement mis en doute à leur arrivée.
Nous allons donc intervenir à nouveau afin de clarifier la réalité et de résoudre ces situations.
Ci-joint le dernier bulletin départemental de RESF.