En cette rentrée, la FSU Allier tient à attirer l’attention de l’IA et du CTPD sur 3 questions.

Comme d’habitude, nous entendons les propos ministériels médiatiques sur la « rentrée techniquement réussie ». A propos de ce concept de « rentrée techniquement réussie », nous tenons à préciser ceci : ce sont les personnels de tout statuts qui assurent la réussite technique de la rentrée. Nous y parvenons encore, malgré les suppressions de postes cumulées, mais il est permis de se demander pour combien de temps. De plus en plus, le « terrain », dans l’improvisation, la bonne volonté et le bénévolat de fait, se débrouille pour éviter une « rentrée non techniquement réussie ». Exemple désormais majeur de cette situation, le soutien et le conseil aux nouveaux collègues stagiaires, à défaut d’un encadrement et d’une formation, sont assumés bien naturellement par la majorité des collègues qui n’en pensent pas moins. On ne saurait se réjouir de cet état de fait qui n’est pas tenable à moyen terme et peut-être même à court terme.

Seconde remarque : où va l’organisation de l’éducation nationale ? Nous avons au printemps de cette année vigoureusement protesté contre la centralisation académique de la gestion des postes en collèges, et donc avec elle de tout ce qui concerne les Blocs de Moyens Provisoires, les Compléments de Services donnés et reçus entre établissements, l’affectation des stagiaires. Cette opération n’a assurément été ni un progrès ni un succès, techniquement ou non, pour le bon fonctionnement du service.

En relation avec la RGPP, et parallèlement avec la réforme territoriale, le projet de décret sur l’organisation académique, que le gouvernement entend mettre en application au 1° janvier 2012, concentrerait sur les Recteurs des pouvoirs que la République conférait jusque là à l’échelon national d’une part, départemental et donc aux Inspecteurs d’Académie d’autre part. Maître de l’ organisation « territoriale » aussi bien que « fonctionnelle » de son académie, le recteur pourrait regrouper, supprimer, mutualiser, triturer, cuisiner, charcuter à sa guise dans un cadre ou les IA deviendraient Directeurs académiques des services de l’Education nationale dans le département adjoints du Recteur.

Conformément à l’esprit de la réforme territoriale, le département est formellement conservé dans ses frontières historiques mais son contenu politique d’administration autonome dans le cadre de l’unité républicaine disparaît, il devient une subdivision subsidiaire des Régions. Les atteintes à l’égalité des citoyens devant la loi, devant l’impôt, devant le service public, et à la laïcité, donc la montée des inégalités territoriales, vont de pair avec le renforcement de l’autorité proconsulaire des représentants nommés du pouvoir exécutif central, préfets et recteurs.

De même que le ministère entend mettre en œuvre au 1° janvier 2012 cette amplification forcenée du pouvoir rectoral, sur laquelle notre recteur avait donc anticipé par ses décisions concernant la gestion des collèges, les préfets dans chaque département doivent mettre en œuvre les schémas départementaux de coopération intercommunale de leur choix, à la même date. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la fuite en avant pré-électorale qui semble la seule boussole.

La FSU réaffirme son attachement à la pertinence des échelons communaux et départementaux dans la gestion des écoles et des collèges, dans la vie scolaire, et dans la défense et la promotion de l’école publique et laïque. Elle considère que les mises en œuvre précipitées de tel ou tel décret ou schéma au 1° janvier 2012, parfois déjà anticipées, n’ont pas de légitimité démocratique et devront être abrogées au plus vite.

Troisième point qui marque cette rentrée. En vertu de son pouvoir discrétionnaire dans l’application des lois, le préfet refuse à ce jour de régulariser une famille tout à fait exemplaire dans la légitimité de sa demande d’asile, nul ne pouvant contester ni les menaces physiques qui pèsent sur elle au Kosovo, un pays qui n’a rien de « sûr », ni le sérieux de l’offre d’emploi économiquement nécessaire dont elle est l’objet. En conséquence, les trois enfants de la famille Fejzulai ne peuvent aller à l’école de peur d’être arrêtés en chemin comme cela s’est déjà produit en mai dernier. Cela, alors que la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France en 1989, et les lois de la République prescrivent d’accueillir tous les enfants à l’école. Il y a donc contradiction entre le droit fondamental et la manière dont, sur ordre du ministre et du président, le préfet use de son pouvoir discrétionnaire, empêchant des enfants d’aller à l’école. Ce scandale ne peut qu’interpeller douloureusement tout responsable éducatif quelle que soit sa position hiérarchique et quelles que soient ses opinions et engagements politiques, syndicaux ou philosophiques.