Depuis plusieurs années, la FSU Allier est partie prenante des rassemblements qui se tiennent autour du 11 novembre à Rocles, initiés par l’Association laïque des Amis de Pierre Brizon et par la Libre Pensée, pour la réhabilitation de tous les fusillés « pour l’exemple » de la guerre de 1914-1918.

Parce que c’est là la mémoire du syndicalisme, dont l’indépendance a été mise en cause par cette guerre et par l’union sacrée nécessaire au massacre, et notre responsabilité de fédération unitaire des syndicats de l’enseignement public, héritière de la Fédération des Syndicats d’Instituteurs et d’Institutrices qui fut, en 14, l’une des trois fédérations de la CGT avec les Métaux et le Tonneau, à s’opposer à la guerre et à l’union sacrée. Pierre Brizon, professeur, député de l’Allier, a voté contre les crédits de guerre à partir de 1916.

Que ceci soit un enjeu actuel est bien démontré par le fait que plus d’un siècle après, la réhabilitation officielle, au nom de la République, de ces victimes de la guerre et de l’union sacrée, est toujours bloquée par le pouvoir exécutif en France !

Cette année, comme l’explique la lettre de l’Association des Amis de Pierre Brizon, ce rassemblement, qui devait avoir lieu le 7 novembre, n’a pas été autorisé par Mme la préfète.

On peut à cet égard s’interroger sur le motif avancé : les préfectures peuvent interdire des manifestations ou rassemblements en raison de la situation sanitaire, ce qui aurait certes été fort discutable (il était parfaitement possible de respecter les distanciations, etc.), mais le rassemblement commémoratif de Rocles n’est pas et ne saurait être une « cérémonie publique » au sens du décret du 13 septembre 1989, « organisée sur ordre du Gouvernement ou à l’initiative d’une autorité publique » (article 1) auquel se réfère la réponse de Mme la préfète citée dans cette lettre. On ne saurait donc justifier son interdiction par cet argument, sauf à considérer que toute manifestation publique doit être présidée par les autorités !

Nous publions donc cet article pour affirmer notre « 11 novembre à nous », qui se réfère plutôt à la vraie date où la guerre a pris fin : le 9 novembre, quand des centaines de milliers de manifestants renversent le second Reich à Berlin. Et nous serons partie prenante de la poursuite de ce combat et des prochaines initiatives.