En cette fin de congés hivernaux il peut être utile de prendre un peu de recul pour comprendre à quelle politique cohérente nous avons affaire. Car notre résistance doit opposer cohérence à cohérence. Le 15 mars personnels de santé et retraités seront ensemble, le 22 mars toute la fonction publique sera en grève, en même temps que la défense du droit aux études et celle des écoles primaires publiques va monter en puissance. Comprenons à quoi nous avons affaire.
Ce sera l’objet de cet article sur les attaques anti-fonctionnaires, et du suivant sur la jeunesse, le Bac et l’apprentissage.
Et il est parfois bon de retrouver ce que nous avons dit à tel ou tel moment : fin juin 2017 nous listions les premières annonces de M. Darmanin, ministre « de l’Action et des Comptes publics » : blocage du point d’indice, pas de créations de postes, plan de suppression de 120 000 postes, retour de la journée de carence, sous le titre : Le fonctionnaire, voila l’ennemi !
Le 10 juillet suivant le même Darmanin annonçait l’ « Action publique 2022 », offensive générale portant sur les missions du service public. But (lettre de cadrage du 13 octobre) : « … des transferts entre les différents niveaux de collectivités publiques, des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions ».
Alors que les organisations syndicales demandent une négociation immédiate sur le dégel de la valeur du point d’indice salarial, le gouvernement gèle le point d’indice et donc les salaires, veut le différencier entre les 3 fonctions publiques, et veut individualiser la rémunération en fonction du « mérite ». A ce sujet, nous pouvons là encore nous citer :
» … on ne peut pas ignorer que les propositions d’intégration d’une partie des primes aux salaires sont liées au décret de mai 2014 dit « RIFSEEP » (Régime Indemnitaire de Fonctions, Sujétions, Expertise et Engagement Professionnel). L’intégration des primes dans les traitements indiciaires avec le RIFSEEP ou sans lui, ce n’est pas du tout la même chose. Le gouvernement n’a clairement pas l’intention d’assainir les primes et d’en intégrer un maximum, mais bien de mettre en place un dispositif qui non seulement repose sur l’entretien professionnel généralisé et l’évaluation au « mérite », mais remet en cause le principe de séparation du grade et de l’emploi et, loin d’ouvrir la voie à la réduction de l’indemnitaire, conduit à son maintien voire son extension, désormais déconnecté de la progression de carrière, (…) ». » (extrait de la Position de la FSU 03 sur l’accord PPCR, septembre 2015).
Et Darmanin a résumé la ligne politique : à bas le statut des fonctionnaires, ouvrons la porte de sortie sous le nom de « plan de départ volontaire », ne recrutons que des contractuels – de deux sortes : les travailleurs, celles et ceux qui, comme les AESH, font les taches socialement nécessaires et mal payées, et les crocodiles, hauts fonctionnaires en mission pour « Action publique 2022 ».
Nous invitons les fonctionnaires qui nous lisent à parcourir le très intéressant tract de nos camarades du SNASUB-FSU de l’académie de Clermont-Ferrand qui revient sur la politique anti-statut et anti-fonctionnaires du pouvoir exécutif, le communiqué commun de toutes les fédérations de fonctionnaires (sauf, à ce jour, la CFDT et l’UNSA) appelant à la grève dans la fonction publique, et le tract d’appel à la grève du SNUTER-FSU pour la fonction publique territoriale.
Pourquoi, avec le code du travail, faut-il casser le statut de la fonction publique comme celui des cheminots ? Au fait, pourquoi y-a-t-il un statut des cheminots ? Réponse : pour que les trains arrivent à l’heure. Plus le statut est attaqué, moins ils arrivent à l’heure. Et pourquoi un statut des fonctionnaires ? Réponse : pour que les services publics fassent vivre l’égalité.
C’est l’égalité de toutes et de tous devant la loi, devant l’impôt, devant le service public, qui est la cible, et avec elle c’est l’avenir de la jeunesse. Ce sera l’objet du prochain article.
Vincent Présumey, secrétaire départemental FSU.
Le communiqué commun des 7 fédérations de fonctionnaires appelant au 22 mars :
http://www.fsu.fr/22-mars-greve-et-manifestations-dans-la-Fonction-publique.html