Une soixantaine de participants au rassemblement de Rocles, représentatifs de cet Allier qui est notre  : pacifistes, laïques, syndicalistes, élus. Des gerbes furent déposées au nom de l’Association des Amis de Pierre Brizon, du député JP. Dufrègne, des élus du canton de Souvigny, de la mairie de Commentry, en présence de l’Association Républicaine des Anciens Combattants, et des interventions prononcées par Olivier Mathieu (Association des Amis de P. Brizon), Jacques Lachaise (Libre Pensée), Vincent Présumey (FSU), Jean-Marc Dumont (maire de Tronget, représentant le député).

Voici l’intervention de V. Présumey pour la FSU-Allier :

Camarades, amis, compagnons, collègues, citoyens,

Nous voici à nouveau rassemblés pour la réhabilitation de tous les fusillés pour l’exemple de la boucherie impérialiste de 1914-1918, après une interruption causée par le Covid, ou plus exactement : causée par la préfecture prenant prétexte du Covid, l’an dernier. Cela commence à faire un temps certain, pour ne pas dire un certain temps. Et, si j’ose dire, nous ne désarme

rons pas !

Nous ne désarmerons pas car ce sujet reste central et actuel. Central et actuel car l’ordre ou le désordre mondial n’a pas tant évolué que cela aujourd’hui par rapport à 1914-1918. En cet automne 2021 les bruits de bottes et l’élan des dépenses militaires se font nettement entendre à l’échelle mondiale. La part des budgets consacrée aux armements, c’est-à-dire détournée vers les armements, reste sans commune mesure à ce qui est dévolu à la dite « transition énergétique » et à la tarte à la crème du « développement durable », alors que l’atmosphère est toujours en train d’être réchauffée par la combustion des hydrocarbures, au service des profits des firmes énergétiques, elles-mêmes bien proches des firmes du complexe militaro-industriel. Ils n’ont pas besoin, eux, de faire semblant avec des « COP 26 » pour la galerie : c’est sans problème, c’est systématiquement, que montent leurs dépenses vouées à la mort et à la destruction.

Le président de la V° République ne vient-il pas de fixer comme cap pour l’industrie française du XXI° siècle la construction d’une nouvelle génération de centrales nucléaires ? Du nucléaire civil à l’atome militaire, la transition n’est que d’un fil, et c’est donc aussi le militarisme français, et l’économie militarisée de la V° République, récemment mis à mal à propos des ventes de sous-marins à l’Australie, qui sont ainsi préservés et relancés, et c’est donc un grand danger pour tous les Français aussi bien que pour tous les humains. Le « développement durable » face au réchauffement climatique n’est ici qu’un prétexte, frisant la plaisanterie de mauvais goût.

De la guerre nucléaire dont le risque est toujours présent, à la guerre dite « hybride » dont les dictateurs Poutine et Loukachenko viennent d’inventer une nouvelle et sordide variante en poussant des milliers de réfugiés kurdes, irakiens et syriens, sur les barbelés et les fusils des troupes polonaises et lituaniennes, notre monde est fortement un monde qui porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage, comme disait Jaurès du capitalisme. Le combat contre la guerre se rejoint donc avec le combat pour l’accueil de tous les réfugiés et la destruction des barbelés et des murs en train de pousser comme des champignons dans les forêts d’Europe centrale.

Dans leurs guerres, nous ne marcherons pas, qu’elles soient atomiques, conventionnelles ou hybrides. Les nouvelles guerres impérialistes en cours de préparation entre Etats-Unis, Chine ou Russie ne sont et ne seront pas nos guerres, ni dans un camp ni dans l’autre, mais toujours pour le droit des peuples et pour la démocratie. Voila pourquoi, amis, camarades, la réhabilitation de tous les fusillés pour l’exemple de la boucherie impérialiste de 1914-1918 reste un sujet central et actuel, aujourd’hui plus encore.

Cela commence à faire un temps certain, pour ne pas dire un certain temps : quand nos rassemblements de Rocles commençaient à s’affirmer, sous Sarkozy, nous n’attentions guère de ce dernier la reconnaissance du crime commis contre les fusillés pour l’exemple. On aurait pu l’attendre de la part du président du conseil général de la Corrèze, qui s’était prononcé pour mais qui, une fois président de la V° République, ne s’en est plus rappelé. Faut-il l’attendre de M. Macron ? Poser la question, c’est y répondre. Ils ne veulent pas. Les présidents de la V° République ne veulent pas rétablir l’honneur de la République. C’est au fond normal. Cette République, celle au nom de laquelle l’Etat a commis tant de crimes, n’est pas la leur. Notre combat contre la République des armements appelle donc la vraie République, démocratique, laïque et sociale !

Camarades, en s’inscrivant ici dans ce combat, la Fédération Syndicale Unitaire de l’Allier que je représente, affirme sa filiation avec notre tradition, autrement plus profonde que celle de tel traditionnaliste de la France catholique et éternelle, la France de Pétain et de Maurras, c’est-à-dire la France de la guerre et des colonies qui fusille pour l’exemple, en vogue dans les médias. Notre tradition, c’est celle des Jaurès, des Monatte, des Dommanget et des Brizon, celle du mouvement ouvrier, du socialisme démocratique et du syndicalisme unitaire et indépendant. C’est celle qui a mis fin à la guerre de 1914-1918, non le 11 novembre, mais deux jours avant, quand des colonnes de manifestants, ouvriers et soldats, ont pris les bâtiments officiels de Berlin. Avec Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, guerre à la guerre, paix aux humains !