Montluçon, le 24 janvier 2011

Monsieur le chef d’Agence,

Les responsables départementaux de 7 organisations syndicales de l’Allier, CGT, CFDT, CGT-FO, UNSA, Solidaires, FSU, CFE-CGC, se sont réunis le mercredi 19 janvier à Montluçon pour appeler à manifester le 26 à Moulins, jour de l’audience au tribunal des secrétaires des syndicats CGT des cheminots de Moulins-Dompierre et de l’entreprise de la métallurgie Potain-Manitowoc.

La Montagne était invitée à la conférence de presse faisant suite à cette réunion. Sans que nous en ayons été informés préalablement personne n’est venu. Les responsables des 7 organisations se sont donc rendus aux locaux de la Montagne, où il leur a été expliqué que le fait de ne pas couvrir cette conférence de presse relevait d’un choix éditorial, consistant, si nous avons bien compris, à attendre le résultat de l’audience au tribunal le 26 janvier, le fait que les syndicats s’expriment à ce sujet ne constituant pas un évènement nécessitant d’être rapporté.

La Montagne, organisme de presse privé, est évidemment libre de ses choix éditoriaux ; elle est donc libre de choisir délibérément d’ignorer l’évènement que constitue la réunion départementale de 7 organisations syndicales qui sont ensemble représentatives de la très grande majorité des salariés de l’Allier et qui choisissent ensemble de protester publiquement contre des faits graves de répression et de provocation antisyndicale qui se sont mis à se produire dans notre département. Nous sommes quant à nous libres de penser et de faire savoir que ce choix est pour le moins étrange d’un point de vue journalistique, puisqu’il consiste à taire un évènement à notre avis significatif -on peut ne pas partager cet avis, mais ce sont les citoyens et les lecteurs de la presse qui seuls devraient en être juges. Le silence sur les faits, c’est le contraire de l’information. Il est en l’occurrence complété par l’extrême désinvolture consistant à ne pas prévenir de ses intentions avant la conférence de presse, à laquelle se sont rendues des personnes venant de l’ensemble du département.

A moins de considérer que tout ceci relève de l’incompétence ou de l’inconscience, ce qui parait peu vraisemblable, la seule explication rationnelle d’un tel choix est donc celle d’une pression exercée sur vous ou d’un parti-pris politique, ou les deux. Ces faits -et quelques autres qui les ont précédés- nous conduisent à nous poser la question suivante : devons-nous en conclure que les choix éditoriaux de la rédaction de la Montagne de l’Allier conduisent ses responsables à penser que les manifestations d’expression commune des organisations syndicales, à la différence de n’importe quelle inauguration préfectorale, ne sont bien souvent pas des « évènements » dignes d’être rapportés par elle, et que les représentants des dites organisations doivent s’attendre à voir venir ou pas un journaliste de la Montagne en fonction de ce bon vouloir et sans avoir à en être prévenus, le non-évènement que constitue notre expression ne le nécessitant même pas ?

Quelques peu inquiets de ces dispositions, nous tenions à vous faire connaître cette inquiétude avant l’audience et la manifestation du 26 dont vous serez sans doute appelés à rendre compte.

Veuillez agréer l’expression de notre attachement à une presse libre ayant pour seule vocation le compte-rendu des faits, la publicité sincère des positions des uns et des autres et le débat public.

Au titre des organisations signataires,

Vincent Présumey, secrétaire départemental FSU.