Questions relatives aux faits intervenus survenus à Vichy et Cusset le lundi 3 novembre

« M. le Préfet, après en avoir discuté avec le collectif d’organisations du contre-sommet européen de Vichy, suite aux évènements survenus notamment lundi dernier, compte tenu de la gravité des questions posées et considérant qu’il relève aussi d’un conseil départemental de l’éducation nationale d’avoir connaissance de questions générales et de questions d’ordre public qui ne manquent et ne manqueront pas d’avoir des répercussions dans le monde éducatif, je vous pose avec une certaine solennité les questions précises suivantes concernant les faits survenus à Vichy et Cusset le lundi 3 novembre.

Veuillez comprendre qu’il n’y a nulle insinuation malveillante dans les questions qui vont suivre, mais seulement la volonté déterminée que toute la lumière soit faite et la transparence réalisée, ceci traduisant les questions que se posent les milliers de personnes qui y ont assisté :

1. Pourquoi, contrairement à ce à quoi vous vous étiez engagé, la circulation routière n’a t’elle pas été bloquée sur le parcours de départ et autour de la manifestation du 3 novembre à Vichy ?

2. Pourquoi, contrairement à ce à quoi vous vous étiez engagé, au lieu d’avoir positionné les forces de sécurité au bas de la rue de Paris en position « invisible de la manifestation », avoir organisé le contact entre ces forces et la manifestation au croisement de la rue de Paris et des rues du Portugal et Dejoux, point où vous saviez que la manifestation tournerait ?

3. Pourquoi, les forces de l’ordre à cet endroit là étant harcelées par des groupes de casseurs, leur avoir donné l’ordre de « riposter » en bombardant en profondeur la manifestation au moyen de grenades lacrymogènes ?

4. Quel était le gaz utilisé, manifestement puissant au point de produire des syncopes, des vomissements et de graves incommodations perçues plusieurs heures après par des centaines de manifestants pacifiques, dont des personnes âgées, des enfants et des handicapés, et d’où venaient ces grenades ?

5. Pourquoi ordre a t’il été donné, une fois que la manifestation était malgré cette agression parvenue à se regrouper et à reprendre son parcours l’éloignant désormais du centre de Vichy et retournant sur Cusset, au lieu d’isoler les groupes de casseurs, de les pousser à distance en direction de la manifestation tout en bombardant à nouveau celle-ci à plusieurs reprises, alors que le responsable du collectif d’organisation en contact avec les RG les a appelés à 5 reprises pour se voir signifier une fin de non recevoir et s’entendre dire qu’il n’était pas envisagé de séparer les casseurs de la manifestation, alors même que ces casseurs se trouvaient à ce moment en queue de la manifestation ?

6. Pourquoi lorsque la manifestation s’est arrêtée et a commencé à se disperser en bas des parkings du lycée de Presles et à l’entrée de l’avenue de Vichy à Cusset, les forces de l’ordre ont-elles eu ordre, d’abord d’attendre alors que des individus incendiaient plusieurs véhicules (dont certains appartenant à des manifestants), puis de charger les manifestants eux-mêmes ?

7. Pourquoi ordre a-t’il été donné aux forces de l’ordre de pousser les casseurs en faisant mine de les poursuivre jusqu’au lieu du meeting unitaire à l’espace Chambon à Cusset, cela alors que le responsable de la manifestation en contact avec les RG leur avait téléphoné pour leur dire qu’il ne fallait surtout pas procéder ainsi car on allait au devant d’incidents dans les rues de Cusset, les alentours de l’espace Chambon voire même l’espace Chambon lui-même, et s’est vu communiquer encore une fin de non recevoir ?

8. Qui étaient les individus habillés comme les casseurs, avec la capuche de rigueur, vus par plusieurs témoins entre 20h et 21h autour de véhicules de police avenue de Vichy à Cusset et quel rôle ont-ils joué ?

9. A quoi pouvaient bien servir et quel a été le coût des survols en hélicoptère de l’espace Chambon et des coups de projecteurs donnés à plusieurs reprises sur les participants au meeting ?

10. Pourriez vous apporter des précisions sur la manière a priori un peu surprenante dont les ultimes escarmouches et face à face entre casseurs et police se sont terminés lundi soir, les premiers montant dans les véhicules de seconds pour partir avec eux vers une destination que nous ignorons, mais qui à l’évidence n’était pas le tribunal des flagrants délits où on ne les a pas vus le lendemain ?

11. Pourquoi le groupe de jeunes, non casseurs, qui campait au stade Waggy de Cusset dans la nuit de lundi à mardi, les responsables ayant refusé de les loger à l’espace Chambon par crainte soit qu’ils soient confrontés à des agressions provenant des casseurs, soit à des mesures provenant de vos services, a été réveillé pendant la nuit par ceux-ci équipés de chiens et frappés à coup de matraques puis laissés en plan pour solde de tout compte de nuit dans les rues de Cusset, où des habitants ayant pris part à la manifestation les ont hébergés et réconfortés au petit matin ?

12. Je terminerai par deux questions qui, à la différence des précédentes, ne sont pas factuelles mais relèvent de l’appréciation citoyenne que l’on est en droit d’attendre des responsables censés représenter la République :

- que pensez-vous d’une organisation de la sécurité qui est capable de jouer à transformer les rues de Vichy et Cusset en celles de Belfast voici trente ans sans être capables par ailleurs de réguler la circulation routière au départ d’une manifestation annoncée de longue date et au parcours dûment négocié ?

- et comment expliquez-vous que M. le ministre Hortefeux ait pu dire en concluant l’entretien qu’il a eu le matin du 3 novembre avec une délégation de représentants du collectif d’organisation du contre-sommet et de la manifestation en leur disant sourire en coin : « En cas d’incidents mon communiqué est déjà prêt » ? »

Le préfet a répondu

1. naturellement que tout cela était hors sujet,

2. que les forces de l’ordre « ne prennent jamais d’engagement de quoi que ce soit envers les organisateurs de manifestations ». Dont acte : aucune confiance ne serait donc possible envers les autorités préfectorales ?

3. que nous affirmions que « des ordres avaient été donnés » sans être en mesure de le prouver, ce sur quoi on s’est naturellement étonné que M. le préfet semble laisser entendre que lorsque les CRS opèrent tel ou tel mouvement, c’est sans avoir reçu d’ordres …

4. que « au moins 200 casseurs »‘ dont la venue était « connue de longue date » étaient dans Vichy et que face à cela les forces de l’ordre ont « normalement riposté et normalement assuré l’ordre ».

5. à une question complémentaire posée par un représentant du personnel de l’UNSA sur les effectifs mobilisés, il a donné le chiffre incrédible de seulement 400 …

6. enfin que toutes ces questions étaient autant d’affabulations malveillantes, évidemment, ce à quoi nous lui avonsi fait remarquer que la meilleure façon de démontrer notre malveillance et nos affabulations serait de jouer la transparence et d’y répondre point par point.

Une précision

Pour faire une telle déclaration, les informations ont été recoupées, la plupart des situations ayant été vécues par des membres de la FSU de l’Allier. Dans cette série de questions, la 11ème n’est pas prouvée avec certitude (pas de membres de la FSU sur le stade pendant la nuit). Celà ne nous interdisait pas de demander des éclaircissements au préfet sur ce point comme sur les autres. Ce que nous avons donc fait. Sur ce point comme sur les autres nous n’avons pas eu de réponses… si ce n’est que toutes ces questions donc relevaient de l’affabulation malveillante. Dans l’échange oral que nous avons eu à la suite de cette intervention nous lui avons aussi demandé les raisons pour lesquelles des voitures stationnaient sur le parcours de la manifestation notamment rue de Paris contrairement aux engagements pris par les autorités. Si l’interdiction de stationner a été donnée, elle n’aurait donc pas été appliquée ?