Cela paraît déjà lointain, mais n’oublions pas : cette année scolaire a commencé sous l’égide d’une tentative de faire savoir au bon peuple que « les profs » sont grassement payés. L’ « expert » de la Matinale de LCI jubilait : « Quand J.M. Blanquer a annoncé 300 euros on a dit que c’était une aumône. [NB : il a dit 300 euros en moyenne, par an et en salaire brut, mais tout ça c’est trop compliqué pour l’expert !] Eh bien ce n’est pas tout à fait vrai et c’est l’OCDE qui le dit. » L’ « OCDE » l’a dit : les profs en France gagnent 3457 euros par mois  – et ils ne le savaient pas !

A un certain stade, ignorance et incompétence n’expliquent pas malveillance et mensonge. Si cela paraît déjà lointain c’est parce qu’une autre actualité a chassé ces bobards et ce n’est pas une bonne nouvelle. Car c’est le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin, syndiquée au SNUIPP-FSU, qui a écrit pourquoi elle a mis fin à ses jours – une lettre que notre chère et compétente hiérarchie a tenté de faire mettre sous le boisseau au motif du fantasmatique « devoir de réserve »- qui est venu rappeler ce qu’est le réel, le dur, le vrai, l’effectif. Dont les vrais salaires font partie …

Le jour même où était découvert, au matin, le corps de Christine Renon dans son école, le 24 septembre dernier, une délégation de collègues du lycée de Chamalières était reçue au rectorat de Clermont-Ferrand, accompagnée par les syndicats du second degré de la FSU, qui a demandé et obtenu la tenue du CHSCTA (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de travail, que la loi de « transformation de la fonction publique » entend supprimer en les intégrant aux Comités Techniques académiques ou départementaux), lequel s’est tenu ce matin au rectorat, avec la participation, des syndicats FSU de l’Allier, de Béatrice Bosdevesy (SNUEP-FSU) et Laure Gebel (SNASUB-FSU).

Le fait est avéré : notre collègue Laurent Gatier, professeur en lycée professionnel, s’est lui aussi suicidé, le 9 septembre dernier, en relation avec ses conditions de travail et l’ignorance hiérarchique de son travail et de sa situation. Ni lui ni Christine Renon ne sont les seuls.

La maltraitance, ça suffit. Et la maltraitance, ce sont les « réformes » visant à disloquer le cadre de l’enseignement public. Au fait, M. Macron vient de déclarer lors du « grand débat sur les retraites » à Rodez, à propos des profs, de leurs salaires, de leurs retraites : « Je ne vais pas revaloriser demain. (…) Il faut repenser la carrière. On regarde les vacances. Et on valorise la carrière de directeur [il a donc entendu parler au moins d’un suicide …] Donc, avec la menace de retraites de misère comme moyen de chantage, « le gouvernement va donc commencer à négocier la hausse du temps de travail et la baisse de la durée des vacances. », selon le Café pédagogique.

Salaires. Suicides. Même combat. Trop c’est trop.

IL VA FALLOIR TOUS ENSEMBLE LES ARRÊTER.