Quelques jours après un petit article sur les statuts et « Action publique 2022 », voici quelques considérations sur une raison d’être du syndicalisme, notamment enseignant : l’avenir de la jeunesse.

Demain matin lundi 26 février, des occupations d’écoles vont faire l’actualité, espérons-le, dans l’Allier. Ce n’est plus un secret que de le dire pour Saint-Gérand, La Petite-Marche, Treignat, Paul Fort et Jean Renoir à Montluçon … Personnels syndiqués et parents, quel est l’enjeu ? L’enjeu, ce sont nos enfants.

Or la jeunesse est une cible de la politique gouvernementale, il n’y a nulle démagogie à le dire.

La réforme du Bac annoncée le 14 février reprend l’essentiel du rapport Mathiot (voila pour la campagne sur le thème « les syndicats de la FSU sèment l’affolement » menée notamment par le nouveau syndicat gouvernemental des lycées, le SNALC !)

Rideau de fumée : là où ce rapport annonçait le remplacement des trois voies du lycée général (S,ES et L) par 9 filières, le ministre annonce un nombre gigantesque de « parcours » possibles par la combinaison de 2 « disciplines de spécialités » sur 11. Mais chacun aura compris que la plupart des combinaisons ne se trouveront pas dans les lycées situés à proximité de chez vous et que quelques unes seulement seront « gagnantes ». Un gradé du ministère déclare :

« Nous estimons qu’il y a entre 5 et 10 doublettes qui sont incontournables et qui seront proposées dans l’ensemble des établissements. »

Le seul recul relatif, dû au SNES-FSU, porte sur la semestrialisation qui n’est plus brutalement affirmée, mais méfiance car les dates d’examens y poussent.

https://www.snes.edu/Des-reponses-precises-et-concretes-a-vos-questions.html

On va vers un « lycée » plate-forme de tri où chaque heure de cours devient un « investissement » dans la compétition de tous contre tous. Le Bac comporterait 60% de sa notation formée par 5 épreuves encore nationales, dont un « oral » de 20 minutes à forte tonalité idéologique, 30% de contrôle continu organisé dans chaque établissement à partir d’une « banque » de sujets ministériels, et 10% venant des bulletins scolaires. Ce serait donc un Bac local, de tel ou tel établissement.

Cette compétition a commencé avec Parcoursup, tri sélectif à l’entrée des universités, en dehors du vote de toute loi.

A titre d’exemple les modalités de STAPS, Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives, sont parmi les plus « au point » : des points de « compétences scientifiques », des points de « compétence sportive », des points de « compétences associatives et citoyennes », l’avis du conseil de classe et une lettre de motivation. Soyons clairs : ceci permet absolument n’importe quelle cuisine et ne va pas dans le sens de ce que revendiquent les collègues d’EPS :

http://www.snepfsu.net/vieetab/planAction.php

Simultanément, le gouvernement veut imposer l’apprentissage dans tous les lycées professionnels, le prolonger jusqu’à 30 ans et accentuer l’exploitation. Oui, l’exploitation :  » … [cette réforme] permet à l’apprenti de travailler dans les mêmes conditions que ceux qui travaillent dans l’entreprise parce qu’honnêtement [honnêtement !!!] l’hypothèse selon laquelle l’apprenti boulanger ne peut pas apprendre à commencer à faire le pain parce qu’il n’a pas le droit de commencer à travailler assez tôt, ça n’a pas de sens. «  L’auteur de ces propos est M. Philippe, premier ministre.

Le temps de travail des apprentis, pour 30 euros de plus à l’année, pourra être porté à 40 heures dans le bâtiment, le BTP et la boulangerie-pâtisserie. Et plus besoin de saisir les prud’hommes pour rompre les contrats.

La réforme du Bac pro arrive aussi : passage de 80 spécialités à une dizaine de « socles de métiers », apparition de diplômes sans référentiel de formation lancés sur Parcoursup comme le « Diplôme national des métiers d’art et du design » venant concurrencer les BTS d’Arts appliqués et le Diplôme des métiers d’art …

http://snuep-clermont.ek.la/

Enseignement agricole : http://fr.calameo.com/read/00405421391309d42f307

Résumons : une partie, a priori majoritaire, de la jeunesse, roulera pendant 6 années (trois avant le Bac, trois après) en tachant de passer entre les lignes de la sélection et des Bacs locaux, et une autre partie sera soumise à l’alternance apprentissage-sas d’attente,

Par contre toutes et tous se retrouveraient pour un « service national » de 3 à 6 mois visant à leur enseigner les joies du bénévolat, de l’obéissance et du fait d’être « en marche » !

C’est aussi, c’est d’abord, pour la jeunesse que nous roulons.

Bonne rentrée de février !