« Le Congrès des Régions, c’est un rendez-vous transpolitique et transpartisan ! », peut-on lire aujourd’hui dans la presse à l’occasion de ce congrès, qui se tient à Vichy ces deux jours sous l’égide de M. Wauquiez et de Mme Delga et qui recevra demain Mme Borne, première ministre.

En exergue dans ce cadre consensuel : la Présentation de l’étude service public régional de l’emploi et de la formation professionnelle. La formation professionnelle, un service public « régional » ? Il existe pourtant des Lycées professionnels et des diplômes et certificats professionnels nationaux !

Et pendant ce temps, les Centres d’Informations et d’Orientation de l’Education Nationale et les Psy-EN sont malmenés sur le territoire du « Congrès des Régions » : voici la contribution du SNES-FSU des Psy-EN de l’Allier :

 

CIO et Psychologues de l’éducation nationale : quand on arrive au bout du bout…

 

On sait que depuis de nombreuses années  les services de l’orientation de l’éducation nationale sont particulièrement maltraités : Projets de régionalisation récurrents, carte cible entrainant la fermeture de  CIO, multiples rapports parlementaires faisant la part belle à l’adéquation formation emploi et oubliant l’indispensable psychologie de l’adolescent face à ses choix d’avenir, externalisation des interventions sur l’orientation au profit d’association et organismes à la neutralité restant à définir…  On voit déjà fleurir des propositions «d’accompagnement » dans les établissements scolaires, telles que Trouve ta voie ta voie, par l’ESSEC (chère à Blanquer) ou Chemins d’Avenir à l’esprit très libéral.

Tout cela permet également de développer le marché juteux de l’orientation. Les officines privées se frottent les mains.

Une autre conséquence est le transfert de certaines charges sur les enseignants, en lien avec le suivi de l’orientation.

On rajoute à cela la casse de l’ONISEP et le transfert de la compétence information aux régions, dans le cadre de la très mal nommée « loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel »

 

La liste est longue mais dans ces coups portés, une constante demeure : Le manque de postes offerts au concours de recrutement des psy-EN.

Il n’est pas question ici de manque de candidat.e.s mais bien d’une précarisation organisée par le ministère depuis des décennies.

Le recrutement est en effet bien loin de couvrir les postes existants.

Seulement deux à trois entrants chaque année sur l’académie de Clermont alors que c’est plus d’une dizaine de postes qui est à pourvoir.

Jusqu’ici, c’était le recours aux contractuels qui permettait de combler ces manques, amenant à une forte précarisation de la profession.

Un taux de 50% de contractuel est presque devenu la norme dans beaucoup de CIO.

 

Aujourd’hui, on rentre dans la deuxième phase du processus  : Manque d’attractivité du salaire, offres d’autres institutions, précarisation des moyens…Tout cela rend de plus en plus difficile le recrutement de contractuels devant obligatoirement posséder un master 2 de psychologie.

Conséquence : beaucoup de postes ne sont pas pourvus dans les CIO.

Dans l’académie de Clermont, ce sont près de 11 postes qui n’étaient pas occupés à la rentrée. Au CIO d’Yzeure 3 postes sur 6 étaient vacants à la rentrée avec des répercussions évidentes sur l’accueil du public et sur les établissements puisque certains n’auront pas de permanence de psychologue.

Voilà donc l’exemple de l’affaiblissement d’un service public qu’on s’empressera de libéraliser par la suite au prétexte qu’il ne fonctionne pas.

Les régions se tiennent aussi en embuscade pour aller plus avant dans l’orientation des élèves en imposant une vision très adéquationniste de l’orientation, la limitant à la simple relation formation et emploi.

C’est dans cet esprit que le congrès des régions de France organisé à Vichy le 15 et 16 Septembre a prévu une journée orientation pour faire la promotion de solutions « gadgets » pouvant séduire pour leur aspect clé-en-main mais dont l’efficacité  reste à prouver ( bus de l’orientation, casque de réalité virtuelle…)

Au moment où tout le monde reconnait que les besoins en psychologues n’ont jamais été aussi importants que ce soit pour le bien être psychologique des élèves ou l’élaboration de leurs projets personnels, comment peut-on accepter une telle dégradation d’un service public, pourtant très sollicité par les établissements, les jeunes et leurs familles ?

Nous exigeons un recrutement à la hauteur des besoins pour maintenir indispensable service public de l’orientation et de psychologie dans l’Education Nationale.