DERNIERE MINUTE, vendredi fin d’après-midi.

Le ministre Blanquer a déclaré tout à l’heure que les fermetures de classes (pas seulement d’écoles) en zone rurale ne pourraient se faire sans l’accord du maire, et qu’un rééquilibrage des ouvertures/fermetures s’imposait en zones urbaines. Il a en outre annoncé qu’il donnerait son orientation sur le Bac et le Brevet dans la seconde partie de la semaine prochaine, en semblant pencher pour le contrôle continu. Nous y reviendrons.

Nous avons contacté l’Inspection d’académie pour dire qu’à notre avis il serait dans ces conditions d’autant plus judicieux de reporter le CTSD prévu lundi. Un courrier vient d’informer d’un tel report, pour le lundi 6 avril à 9h 30 en visioconférence.

Le texte ci-dessous est la déclaration que nous avions l’intention de faire si le CTSD de lundi avait été maintenu à toute force. Ses arguments principaux demeurent :

Mme la Dasen,

Nous protestons contre les conditions du présent CTSD.

Celui-ci aurait dû avoir lieu en janvier, ce qui aurait permis d’engager sérieusement les discussions sur la carte scolaire 1° degré, ainsi que sur les divisions en collèges avant la tenue du groupe de travail rectoral sur les postes en collèges. Vous avez, Mme la Dasen, invoqué un mois avant que celle-ci ne commence, la période de réserve liées aux élections municipales pour ne pas le réunir, alors qu’un CTSD s’est tenu par exemple dans le Puy-de-Dome début février.

A présent survient une crise sanitaire gravissime, qui va rapidement déboucher sur une crise économique et sociale globale. Quatre raisons nous conduisent à demander un moratoire sur l’ensemble des suppressions de postes, classes et divisions dans cette situation :

1°) comme la FSU vous l’a écrit lundi 23 mars, parce que les conséquences sociales, économiques, démographiques de la situation présente ne sont pas encore mesurables et que des mesures conservatoires s’imposent pour ne pas aggraver les choses, notamment parmi les populations les plus fragiles. Des décisions prises aujourd’hui pour la rentrée prochaine risquent fort de devenir caduques en raison de la difficile prévision des effets de la crise actuelle sur les déplacements de populations, d’affectations, etc. Ceci vaut pour les écoles, pour les collèges, pour les Segpa.

2°) parce que le confinement annule les conditions normales d’information et de réactions des élus, personnels, parents, et la possibilité même d’un dialogue démocratique réel dans chaque territoire,

3°) parce que les personnels de la DSDEN sont comme les autres dans des conditions de travail rendues très difficiles par la situation,

4°) enfin parce que l’annonce de la suspension des réformes en cours par le président de la République dans son intervention du lundi 16 mars, devrait être interprétée comme impliquant la suspension des suppressions de postes prévues à ce jour compte-tenu de l’importance accrue des services publics sur tout le territoire dans la situation présente et ses lendemains.

Plusieurs de ces points vous ont déjà été communiqués dans différents courriers (FSU le 23 mars et le 25 mars, un courrier commun FO/FSU/SNALC/SE-UNSA le 24 mars), le SGEN-CFDT de son côté a lui aussi demandé un report de ce CTSD à la reprise des cours dans les écoles et collèges. Tous les représentants du personnel dans ce CTSD ont donc demandé son report.

Malgré tout vous l’avez maintenu, envisageant d’abord des modalités conduisant semble-t-il au déplacement des représentants du personnel, puis, ce qui est évidemment préférable, une visioconférence.

Même en temps normal, nous aurions désapprouvé le fait de placer un CTSD l’après-midi même du CTA qui doit le précéder, les documents du CTSD devant tenir compte de ce qui a dû être avalisé en CTA. Mais de plus, la FSU et FO ayant fait publiquement connaître, au niveau académique, leur demande de report du CTA convoqué pour le lundi matin 30 septembre, il était bien entendu prévisible soit que le boycott d’une majorité de représentants du personnel au CTA conduirait à un report de celui-ci, soit qu’un vote contre unanime exigerait un nouveau CTA.

Dans les deux cas vous avez donc décidé sciemment de convoquer ce CTSD le même jour qu’un CTA dont tout indiquait qu’il n’allait pas ratifier les décisions annoncées et serait lui-même reconvoqué.

Un tel empressement soudain contraste remarquablement avec la réticence, la rétention, le refus de réunir les instances représentatives quand nous n’étions pas confinés !

De plus, les documents envoyés lundi 23 mars ne comportent aucune indication de fermetures ou d’ouverture dans les écoles. Le document 1° degré n’est pas, comme tel, un document sur la carte scolaire à la rentrée prochaine, mais un document de travail que nous aurions pu examiner en janvier. Nous nous interrogeons donc avec curiosité sur les documents que vous pourriez être conduite à nous révéler aujourd’hui même en visioconférence, sachant que le réglement exige communication des documents concernant réellement l’ordre-du-jour une semaine à l’avance.

Bref, les motifs de contestation du présent CTSD, de natures diverses, sont exceptionnellement nombreux. Et pour couronner le tout, voici le ministre lui-même qui, vendredi 27, annonce que les mesures de carte scolaire vont devoir être revues du tout au tout !

Mais nous voudrions, Mme la Dasen, conclure cette déclaration, qui pour nous est bien plus qu’une simple déclaration « préalable » mais est, dans les circonstances présentes, essentielle, par la remarque suivante : n’est-il pas mille fois plus urgent de réunir en visioconférence le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail  pour que celui-ci ait connaissance de l’ensemble des dispositions prises dans l’Education nationale à tous les niveaux en relation avec la crise sanitaire, une vue d’ensemble de l’accueil des enfants de soignants et puisse intervenir pour la mise à disposition du matériel nécessaire, et puisse s’adresser à tous les collègues confinés et en télétravail qui sont confrontés à des risques psycho-sociaux spécifiques mais importants ?

En clair, l’heure n’est-elle pas plutôt au soin et à la solidarité qu’à la poursuite tambour battant d’une carte scolaire discutable et incertaine ?